dimanche 24 juin 2007

Maud Tabachnik, La Honte leur appartient


Quatrième de couverture :

Il est revenu. Et son retour dans cette petite ville de l’Est, pétrie de préjugés, fait peur.

Il est revenu retrouver sa mémoire et affronter celle des autres.

Il est revenu se venger de ceux qui ont brisé sa vie et celle des siens.

Devant lui vont se dresser le mur de l’argent et la force du mensonge.

Saura-t-il, lui l’homme tranquille, aller au bout de sa haine et se montrer aussi féroce que ses bourreaux.

Mon avis :

J’ai eu du mal à ouvrir ce livre. Non pas parce que le sujet ne m’intéressait pas, mais parce que les derniers écrits de Maud Tabachnik que j’ai pu lire m’avaient profondément déçu, notamment à cause du style que je trouvais, au final, assez mauvais. Après quelques pages c’est l’inverse qui s’est produit : beaucoup de difficultés à refermer le livre.

L’histoire est simple : un homme revient dans sa ville natale pour se venger de ceux qui ont détruit sa famille vingt ans plus tôt.

J’ai aimé le style et les mots simples, ce huis-clos étouffant d’une petite ville de province où l’hypocrisie est le maître mot, presque une religion, non pas d’Etat, mais communale. J’ai aussi aimé le lien que Tabachnik a su créer entre le personnage principal et le « protégé » de ce dernier. Maud Tabachnik a su se révéler à mes yeux une fine psychologue des âmes des petites villes bourgeoises de province. Malgré tout cela, quelques rebondissements sont assez prévisibles et téléphonés. Ce livre m’a donné envie de lire d’autres écrits de Maud Tabachnik. Affaire à suivre…

Joseph Kessel, L'Armée des Ombres


Quatrième de couverture :

C’est à Londres, en 1943, que Joseph Kessel, conteur inégalable et premier chroniquer de notre temps, a écrit L’Armée des Ombres, qui n’est pas seulement l’un de ses chefs-d’œuvre mais le roman-symbole de la Résistance que l’auteur présente ainsi : « La France n’a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n’a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie. […]

Jamais la France n’a fait guerre plus haute et plus belle que celles des caves ou s’impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d’où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres.

Tout ce qu’on va lire ici a été vécu par des gens de France. »

Mon avis :

Ce livre est tout simplement beau, c’est – comme il est dit dans le quatrième de couverture – un chef-d’œuvre. Avec des mots simples mais percutants, Joseph Kessel décrit l’action de ces hommes et de ces femmes afin de libérer la France, afin que chacun puisse retrouver sa liberté individuelle et surtout sa fierté et son honneur. La très grande majorité de ces femmes et hommes sont des gens normaux, comme vous et moi, que rien ne prédestinait à un tel parcours, semé d’obstacles et qui en a conduit beaucoup trop à la mort. Ce livre est plus qu’un hommage c’est un appel à la liberté, mais aussi (et peut-être surtout) à la vigilance afin que plus personne ne soit obligé de mener un tel combat.

Amélie Nothomb, Acide sulfurique


Résumé :

Concentration : la dernière-née des émissions télévisées. On enlève des gens, on recrute des kapos, on filme ! Tout de suite, le plus haut score de téléspectateurs, l'audimat absolu qui se nourrit autant de la cruauté filmée que de l'horreur dénoncée. Etudiante à la beauté stupéfiante, Pannonique est devenue CKZ 114 dans le camp de concentration télévisé. Le premier sévice étant la perte de son nom, partant de son identité. Zdena, chômeuse devenue la kapo Zdena, découvre en Pannonique son double inversé et se met à l'aimer éperdument. Le bien et le mal en couple fatal, la victime et le bourreau, la belle et la bête aussi. Quand les organisateurs du jeu décident de faire voter le public pour désigner les prisonniers à abattre, personne ne s'abstient de voter et Pannonique joue sa vie.

Mon avis :

Capable du meilleur comme du pire, dans Acide Sulfurique, Amélie Nothomb nous offre le meilleur. L’idée de départ est absolument géniale, même si elle peut choquer : surfer sur la vague de la télé-réalité et l’amener à son paroxysme. On est ici au comble du voyeurisme. Et dire que, si nous ne sommes pas vigilants…

Comme d’habitude le style d’Amélie est sans faille et brillant. Pour une fois la fin du livre ne m’a pas laissé sur ma faim, même si celle-ci était, malgré tout, prévisible.

Joyce Carol Oates, Blonde


Résumé :

Elle a suscité l'adoration de millions de gens et sa vie a fasciné des générations de « fans » et d'acteurs. Disséquée depuis plus de trente ans, l'histoire de Norma Jeane Baker, plus connue sous le nom de Marilyn Monroe, n'a pourtant jamais été appréhendée aussi intimement que dans Blonde un récit à couper littéralement le souffle. Dans cette autobiographie fictive plus vraie que nature, Joyce Carol Oates recrée la vie intérieure, poétique et spirituelle de Norma Jeane - l'enfant, la femme, la célébrité vouée au malheur - et la raconte avec la voix de Norma Jeane : saisissante, chaude, ample et bouleversante. Derrière les portraits surprenants et souvent dérangeants, des hommes qui jalonnèrent la vie de Norma Jeane : l'Ex-Athlète, l'Auteur Dramatique, le Président, le Prince Noir, se dessine une course éperdue vers ce que la plus belle femme du monde tenta en vain de trouver : l'amour.

Mon avis :

Monumental !!! J’étais relativement sceptique en entamant la lecture de ce roman et sa taille – 1 100 pages – me faisait très peur. Je me suis très rapidement laissé prendre au piège. Si on ne connaît pas la vie de Marilyn – tel fut mon cas – on est totalement incapable de séparer fiction et réalité dans ce livre. On a affaire à un personnage d’une réelle sensibilité, torturé au plus haut point, influençable et fragile. Si l’on se fie au texte de Joyce Carol Oates, Marilyn n’était pas la « potiche » que l’on peut s’imaginer. Pour ne rien gâcher, le style est simple, fluide, beau. Au final, il s’agit d’une très belle rencontre, ou plutôt devrai-je dire de deux belles rencontres : Marilyn et Joyce Carol Oates. Un vrai coup de cœur.