lundi 25 août 2008

Amélie Nothomb, Le Fait du Prince



Résumé :

« Existe-t-il vacances plus profondes que de prendre congé de soi-même ? »

Baptiste Bordave voit mourir sur le seuil de sa porte un inconnu dont il décide de prendre l’identité.

Même âge, même aspect physique, mais le mort est riche, possède Jaguar, villa de luxe, épouse blonde et superbe… Devenu Olaf Sildur sans état d’âme, Baptiste espère couler des jours heureux à boire du champagne avec la veuve qui admet sa présence avec un naturel confondant.

Un conte moral (ou amoral, selon la lecture qu’on en fait) qu’il faut appréhender comme une sorte de fantasme universel, un conte de fées pour grandes personnes puisque le héros, de banal et commun, devient une sorte de maître du monde, de maître de son monde (richesse, ivresse, beauté…).

Maniant paradoxes, assertions et semi-vérités, Amélie Nothomb nous livre sa vision de l’utopie à deux où la liberté, le non faire et l’imprévisible sont rois, et le champagne le meilleur remède pour vivre heureux !

Mon avis :

Je suis, bien évidemment, fan d’Amélie. J’attends toujours avec une immense impatience son nouveau livre. Impatience teintée d’appréhension : j’ai toujours un peu peur d’Amélie, peur qu’elle ne me déçoive. Touché Amélie, je n’ai pas été déçu, bien au contraire.

L’écriture est toujours aussi fine et subtile. L’histoire est à la fois très simple – l’envie de changer de vie – et toujours aussi alambiquée. Qui ne s’est jamais interrogé sur sa vie ? Et qui, à un moment donné n’a pas eu envie de changer cette vie, pensant que le sort du voisin est bien meilleur que le sien ? Cela m’est déjà arrivé. Amélie a couché ce fantasme sur papier, et assez efficacement je dois dire.

Amélie me fait aussi toujours très peur en ce qui concerne les fins de ses romans, beaucoup se sont révélées très décevantes (la pire fin en la matière est celle de Robert des Noms Propres) et gâchent un peu le plaisir que j’ai à lire ses écrits. Dans le cas présent la fin du livre est d’une facture très classique, ni très surprenante, ni décevante… Juste classique. Par contre j’ai été déçu par deux choses : c’est bien une des premières fois qu’Amélie ne donne pas à ses personnages des prénoms tordus (finalement Olaf et Sigrid sont assez classiques), et les livres de Miss Nothomb sont désespérément trop courts… A quand un pavé de mille pages Amélie ?

Dans un livre chacun y voit ce qu’il veut voir et y trouve des allusions qui lui correspondent. Dans celui-ci j’ai trouvé un clin d’œil personnel, et la personne concernée se reconnaîtra : visiblement le Gevrey-Chambertin me poursuit…

Carlene Thompson, Ne ferme pas les yeux



Quatrième de couverture :

Quoi de plus effrayant qu’une vague de meurtres qui, du jour au lendemain, se met à décimer vos proches sans que vous sachiez qui sera la prochaine victime ? Quoi de plus sauvage qu’un inconnu qui frappe sans que l’on en comprenne la cause et qui laisse derrière lui en lettres de sang des phrases tirées de la Bible ? Port Ariel, niché sur les bords du lac Erié, avait tout jusque-là de la petite ville tranquille où tout le monde son connaît et où mourir assassiné semblait inconcevable. Le temps des rêves est terminé. La mort rôde désormais armées d’un long rasoir. Elle n’épargne personne. Elle peut être tout le monde. Votre voisin, votre père, l’amie de tous les jours…

Mon avis :

On frise le roman Harlequin. Et pourtant, je me suis laissé prendre au jeu. J’ai surtout été sensible dans ce roman à l’ambiance que l’auteur a réussi à créer autour de ses personnages et de l’intrigue. Dès que l’on pénètre dans les méandres de l’Amérique profonde je me fais avoir. L’intrigue en elle-même est relativement bien ficelée, j’avoue même ne pas avoir réussi à trouver le coupable. Ce que je reproche à l’auteur c’est que son histoire et ses personnages rassemblent un peu trop de clichés à mon goût, et, comme je le disais au début, il y a un peu trop d’eau de rose à mon goût…

Régine Deforges, La Bicyclette bleue



Résumé :

1939. Léa Delmas a dix-sept ans. Sa famille possède le domaine de Montillac, au coeur du vignoble bordelais. Sa vie se résume aux senteurs de cette terre, à la lumière, à la tendresse des siens. La maison s'affaire aux préparatifs du bal... Mais la déclaration de guerre va anéantir l'harmonie de cette fin d'été, et jeter Léa dans le chaos. Elle va découvrir et affronter la débâcle, l'exode sous les bombes, la mort, l'occupation nazie, l'exploitation du domaine, la violence du plaisir, la fragilité des sentiments. En ces premières années de guerre, Léa va être contrainte à des choix impossibles...

Mon avis :

Cela faisait longtemps que j’avais envie de me lancer dans cette si célèbre saga. J’en avais tellement entendu parler que j’avais peur d’être déçu. Tel ne fut pas le cas. J’aime le style de Régine Deforges, simple, clair, fluide et qui se laisse aisément dévorer. C’est ce que j’ai fait pour ce livre. Il n’y a pas un moment de répit. On se laisse emporter dans le tourbillon de la guerre. On commence par vivre l’attente de la Drôle de Guerre puis on est plongé dans le chaos de la débâcle et de la défaite. Les personnages sont attachants, surtout Léa Delmas, même si par moments on a envie de lui donner une bonne paire de claques tant elle peut être insupportable. Ce premier tome de la saga me laisse à penser, étant donné le plaisir que j’ai pris à le lire, que je vais me délecter à chaque tome.

lundi 18 août 2008

Caleb Carr, Le Secrétaire italien



Quatrième de couverture :

L’affaire commence lorsque Holmes reçoit un télégramme de son frère Mycroft l’appelant à l’aide. Proche conseiller de la reine Victoria, ce dernier craint pour la vie de la souveraine.

Fait étrange, deux de ses serviteurs ont été percés de plus de cinquante coupe de poignard, exactement comme le secrétaire italien de Marie Stuart, assassiné trois siècles plus tôt.

Il n’en faut pas plus à Holmes et à son fidèle Watson pour accourir sur les lieux du drame et démonter que la force de la déduction vient forcément à bout de l’inextricable quand il s’agit de défendre l’ordre, l’Empire et la reine Victoria !

A la demande des héritiers de Conan Doyle, Caleb Carr a imaginé une nouvelle aventure de Sherlock Holmes, qui renoue avec l’atmosphère surnaturelle du Chien des Baskerville. Ni pastiche, ni parodie, un bel hommage au plus célèbre des détectives.

Mon avis :

Une plongée dans les méandres de la société victorienne. Une aventure de Sherlock Holmes sans Conan Doyle, cela peut paraître étrange au premier abord, mais lorsque l’on voit par qui cette aventure a été écrite, le doute cède très vite la place à l’envie. Ce n’est pas – plus – la peine de présenter Caleb Carr. Le livre est très efficace, l’esprit de Sherlock n’est pas dénaturé une seconde. Bref, un vrai moment de plaisir.

mardi 12 août 2008

Nicolas d'Estienne d'Orves, Les Orphelins du Mal



Quatrième de couverture :

1995, en Allemagne. Le même jour, quatre hommes sont découverts, une ampoule de cyanure brisée dans la bouche, nus, la main droite coupée. Une seule certitude : les quatre hommes sont tous nés dans un Lebensborn, l’organisation la plus secrète des nazis, des haras humains où les SS faisaient naître de petits aryens pour réaliser leur rêve d’une race pure. Les autorités allemandes étouffent l’affaire.

Paris, 2005. Anaïs, jeune journaliste, est contactée par un étrange personnage, Vidkun Venner, un riche collectionneur norvégien. Vidkun a reçu une mallette, anonyme, contenant quatre mains momifiées. Quatre mains droites. Il vaut qu’Anaïs l’aide à découvrir d’où elles viennent, et pourquoi on lui a envoyé ce macabre colis.

Très vite, la tension monte autour d’Anaïs. A mesure qu’elle avance dans son enquête, des signes inquiétants surgissent, des dossiers d’archives sont volés, des témoins refusent de parler, d’autres… disparaissent. Anaïs en vient à douter : tout s’est-il vraiment arrêté à la fin de la guerre.

Un terrifiant parcours initiatique dont ni Anaïs ni Vidkun ne sortiront indemnes.

Mon avis :

Le Da Vinci Code syndrome a encore frappé. On se laisse happer par ce livre en un rien de temps. L’écriture est simple et fluide, d’où une très grande facilité de lecture. L’auteur est, à mon sens, un vrai maître quant à ce qui touche à l’intrigue, on va de rebondissement en rebondissement. On n’attend qu’une seule chose, c’est de tourner la page suivante. Résultat : le livre se lit en un rien de temps.

Et pourtant, je suis incapable de ranger ce livre dans la catégorie des bons livres (tout comme ce fut le cas, à son époque, pour le Da Vinci Code). Il y a trop d’aberrations dans le livre pour qu’il soit crédible. Pour ne pas trop dévoiler l’intrigue (et la fin), je dirais simplement que, une fois de plus, on tombe dans le travers du livre qui prend pour base la volonté de certains personnages de vouloir reconstruire le IIIe Reich, et la lutte d’autres personnages (en général les héros) afin d’empêcher ceci de se produire, même si je dois bien reconnaître que je m’y attendais quelque peu (en fait beaucoup) en ouvrant le présent ouvrage. C’est un thème de roman qui devient banal et lassant. Pour défendre un peu l’auteur, je dois lui reconnaître que son livre est très bien documenté quant à tout ce qui touche à l’Allemagne nazie. Même si je regrette que, lors du passage des deux héros par le Camp du Struthof-Natzweiler, l’atmosphère si particulière de ce lieu n’ait pas été bien rendue. Je m’y suis rendu il y a quelques mois de cela, j’ai toujours beaucoup de mal à parler de cette expérience tant cette visite m’a marqué…

En fait, le problème que j’ai avec ce genre de livre est assez simple : je n’ai rien contre les romans qui traitent de la Seconde Guerre mondiale, du nazisme et des tous les crimes qui ont pu être commis durant cette période mais j’ai beaucoup plus de mal quand ces mêmes romans ont tendance à traiter le sujet avec trop de légèreté (notamment en ce qui concerne les crimes du nazisme) et visent à faire du nazisme une sorte de secte. J’ai retrouvé dans ce roman une certaine « tendance ésotérique » comme dans le Da Vinci Code, qui, à mon sens, aboutit à une certaine ridiculisation de la période 1939-1945.

Ce genre de roman, au bout du compte, aboutit à une certaine simplification, voire à une certaine banalisation, d’une période de notre histoire à la fois tellement sombre et tellement complexe. Et je me demande si cela est sain…

Larry Beinhart, Le Bibliothécaire



Quatrième de couverture :

David Goldberg, homme tranquille sinon banal, devient du jour au lendemain le bibliothécaire privé d’un vieillard acariâtre et multimillionnaire. Alan Stowe a bâti sa fortune dans l’industrie et il n’existe pas d’esprit plus cynique que le sien. Il est surtout, à quelques jours d’une élection présidentielle serrée, le plus grand bailleur de fonds du parti républicain. Goldberg, à classer les papiers de l’homme d’affaires, se retrouve traqué. Il faut dire que le Président sortant, candidat à sa propre succession, gosse de riche va-t-en-guerre et ancien alcoolique reconverti en fou de Dieu, voit d’un très mauvais œil les possibles découvertes de Golberg. Le 11 septembre est passé par là. Les services secrets détiennent les pleins pouvoirs. Tuer un homme est un devoir lorsqu’il s’agit de préserver le Bien… Les critiques les plus virulents de l’administration Bush ne viennent pas toujours de la « vieille Europe »…

Mon avis :

Toute ressemblance avec des personnages existant n’est peut-être pas si fortuite que ça. Bien au contraire en fait. A travers ce roman, efficacement construit, on assiste à une critique sans concessions de l’administration Bush, ainsi que des jeux de pouvoir américains. Les Etats-Unis, une démocratie ? Pas si sûr si l’on en croit ce qui est écrit dans ce livre. L’élection présidentielle, un processus au-dessus de tout soupçon ? Etes-vous donc si naïfs que cela ?

L’histoire en elle-même est on ne peut plus classique, un bon thriller, avec des personnages hauts en couleurs et très bien travaillés par l’auteur, avec, pour faire plus réaliste, quelques clichés bien sentis.

Pour compléter l’aspect politique de ce livre, je vous recommande de vous plonger dans les livres de Michael Moore, autre grand pourfendeur de Bush et con-sorts…

Jack Higgins, L'Homme du Bunker



Quatrième de couverture :

Peu avant de se suicider dans son bunker de Berlin en 1945, Hitler a confié son journal à un jeune officier, le baron Max von Berger. Soixante ans plus tard, cet homme mystérieux est devenu l’un des plus puissants du monde, en nouant une alliance stratégique avec l’unique survivante d’un empire pétrolier du golfe Persique, lady Kate Rashid, ennemie jurée des renseignements britanniques et de leur meilleur agent, Sean Dillon.

L’heure de la confrontation est proche. Le journal contient des révélations explosives qui peuvent compromettre le président des Etats-Unis. A moins que Dillon et son vieil ami de la CIA, Blake Johnson, ne récupèrent le document à temps…

Jack Higgins réunit les héros de ses meilleurs romans dans un formidable thriller où les secrets de l’histoire menacent l’équilibre politique international…

Mon avis :

Roman de gare. Mauvais roman de gare. L’intrigue est très embrouillée, trop embrouillée à mon goût. Tout se mélange : la Seconde Guerre mondiale, le Moyen-Orient, les Etats-Unis, la question de l’Ulster. Ce mélange fait que le lecteur à du mal à s’y retrouver. J’ai trouvé les personnages fades au possible et relevant surtout des clichés du genre. C’est un très mauvais roman d’espionnage. Le seul passage du livre qui a quelque peu trouvé grâce à mes yeux est celui où l’auteur raconte la fuite de von Berger du Bunker d’Hitler, c’est la seule partie du livre que j’ai trouvé relativement bien écrite.