Amélie Nothomb, Le Fait du Prince
Résumé :
« Existe-t-il vacances plus profondes que de prendre congé de soi-même ? »
Baptiste Bordave voit mourir sur le seuil de sa porte un inconnu dont il décide de prendre l’identité.
Même âge, même aspect physique, mais le mort est riche, possède Jaguar, villa de luxe, épouse blonde et superbe… Devenu Olaf Sildur sans état d’âme, Baptiste espère couler des jours heureux à boire du champagne avec la veuve qui admet sa présence avec un naturel confondant.
Un conte moral (ou amoral, selon la lecture qu’on en fait) qu’il faut appréhender comme une sorte de fantasme universel, un conte de fées pour grandes personnes puisque le héros, de banal et commun, devient une sorte de maître du monde, de maître de son monde (richesse, ivresse, beauté…).
Maniant paradoxes, assertions et semi-vérités, Amélie Nothomb nous livre sa vision de l’utopie à deux où la liberté, le non faire et l’imprévisible sont rois, et le champagne le meilleur remède pour vivre heureux !
Mon avis :
Je suis, bien évidemment, fan d’Amélie. J’attends toujours avec une immense impatience son nouveau livre. Impatience teintée d’appréhension : j’ai toujours un peu peur d’Amélie, peur qu’elle ne me déçoive. Touché Amélie, je n’ai pas été déçu, bien au contraire.
L’écriture est toujours aussi fine et subtile. L’histoire est à la fois très simple – l’envie de changer de vie – et toujours aussi alambiquée. Qui ne s’est jamais interrogé sur sa vie ? Et qui, à un moment donné n’a pas eu envie de changer cette vie, pensant que le sort du voisin est bien meilleur que le sien ? Cela m’est déjà arrivé. Amélie a couché ce fantasme sur papier, et assez efficacement je dois dire.
Amélie me fait aussi toujours très peur en ce qui concerne les fins de ses romans, beaucoup se sont révélées très décevantes (la pire fin en la matière est celle de Robert des Noms Propres) et gâchent un peu le plaisir que j’ai à lire ses écrits. Dans le cas présent la fin du livre est d’une facture très classique, ni très surprenante, ni décevante… Juste classique. Par contre j’ai été déçu par deux choses : c’est bien une des premières fois qu’Amélie ne donne pas à ses personnages des prénoms tordus (finalement Olaf et Sigrid sont assez classiques), et les livres de Miss Nothomb sont désespérément trop courts… A quand un pavé de mille pages Amélie ?
Dans un livre chacun y voit ce qu’il veut voir et y trouve des allusions qui lui correspondent. Dans celui-ci j’ai trouvé un clin d’œil personnel, et la personne concernée se reconnaîtra : visiblement le Gevrey-Chambertin me poursuit…
2 commentaires:
*blushing*
tu connais mon habitude, je ne lis les critiques qu'après la lecture d'un livre et je savais que tu en avais fait une sur celui-ci.
*heureuse*
en plus du reste, je partage entièrement ton avis sur le roman.
Ta critique est la première que je lis et je te le dis, j'en suis heureuse, elle me convient ; car il y a parfois une sorte de snobisme des critiques "officielles" et du parti pris chez les "lecteurs", qui n'en sont pas toujours.
Je me délecte toujours avec Nothomb, elle exprime tellement joliment ses délires que je m'y joins allègrement...
Comme quoi, les grands esprits se rencontrent !!!
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