mardi 27 février 2007

Michael Moore, Tous aux abris !


Quatrième de couverture :

George W. Bush, le Bandit-en-Chef, accompagné de sa clique de millionnaires, prépare sa réélection au poste de Commandant en Chef de la Mère Patrie ! Il n’en fallait pas plus à Mike pour repartir au front et TOUT faire pour que le cauchemar s’arrête. Dans ce nouveau livre, aussi drôle et provocateur que les précédents, Mike est l’Arme de Dérision Massive : il s’attaque aux mensonges et à la propagande dont son pays est victime depuis le 11 septembre, notamment sur les armes de Saddam. Il révèle les petits secrets du roi George du pétrole irakien et ses petites combines avec ses copains saoudiens. Et Mike se fâche vraiment quand il voit que sa patrie est devenue les Etats-Unis de la Peur, où les libertés publiques sont menacées alors que les grands patrons-truands des multinationales US échappent à la prison.

Mon avis :

Comme à chaque fois Mike fait mouche, frappe là où ça fait mal ! Ce livre fait peur, les Etats-Unis de Bush font peur. Tout y est fait pour le bien-être et le confort des plus riches et, de la même manière, tout y est fait pour enfoncer encore un peu plus bas les plus modestes. Michael Moore fait preuve de bon sens et propose des solutions simples pour améliorer le sort du plus grand nombre. Un exemple : pour donner aux entreprises une meilleure productivité il propose que les employés soient mieux payés. D’une part cela augmentera leur motivation et d’autre part un meilleur salaire évitera à beaucoup de devoir prendre un deuxième voire un troisième travail (ce qui est propice à l’éparpillement). Employés motivés et concentrés = de meilleurs profits pour l’entreprise. Tout le monde y est gagnant. Un livre à lire pour prendre conscience de ce qu’est vraiment l’Amérique d’aujourd’hui, tellement éloignée des clichés véhiculés par le cinéma et la télévision.

dimanche 25 février 2007

Elizabeth George, Sans l'ombre d'un témoin


Quatrième de couverture :

Londres, à l’entrée de l’hiver… Linley, Havers, Nkata, Saint James et les autres sont sur le pied de guerre. Pour traquer un meurtrier en série dont les cibles sont des adolescents.

Pas n’importe lesquels : de jeunes métis laissés-pour-compte. Est-ce pour cela que leur disparition est, dans un premier temps, passée inaperçue ? Faut-il crier à la discrimination raciale ? Toujours est-il que la police n’entame que tardivement les recherches.

Consciente de l’ampleur de la tâche, la hiérarchie, la hiérarchie de Scotland Yard convoque pour prêter main forte à Linley un psychologue formé au métier de profileur. Persuadé que celui-ci va lui mettre des bâtons dans les roues, Linley se braque.

L’enquête démarre à grand renfort de publicité. Les conférences de presse du chef de la police se succèdent, auxquelles est instamment prié d’assister le sergent noir Winston Nkata. Histoire de montrer que, au Yard, on n’a pas de préjugés racistes.

Les victimes appartenant à des milieux défavorisés, le lecteur pénètre dans le Londres strié de suie et de graffitis des zones sensibles. Aux antipodes des quartiers cossus où vivent Linley et ses semblables…

Mon avis :

Sans l’ombre d’un témoin est probablement, tout au moins pour moi, le meilleur roman d’Elizabeth George. Il n’y a aucune longueur dans le texte (le livre fait pourtant presque 600 pages). L’intrigue est formidablement bien construite, le suspens est haletant jusqu’au bout. Les personnages d’Elizabeth George évoluent enfin, on sent que ce livre marque un tournant, beaucoup de choses changent. De plus, le portait du Londres des plus mal lotis est particulièrement bien brossé et sans concessions. Je commençais à me lasser d’Elizabeth George, le mal est réparé avec ce très bon livre. Je suis impatient de savoir comment les personnages vont évoluer dans son prochain livre.

lundi 19 février 2007

Jean-Christophe Rufin, Globalia


Quatrième de couverture :

La démocratie dans Globalia est universelle et parfaite, tous les citoyens ont droit au « minimum prospérité » à vie, la liberté d’expression est totale, et la température idéale. Les Globaliens jouissent d’un éternel présent et d’une jeunesse éternelle. Evitez cependant d’en sortir car les non-zones pullulent de terroristes et de mafieux. Evitez aussi d’être, comme Baïkal, atteint d’une funeste « pathologie de la liberté », vous deviendriez vite l’ennemi public numéro un pour servir les objectifs d’une oligarchie vieillissante dont l’une des devises est : « Un bon ennemi est la clef d’une société équilibrée ».

Un grand roman d’aventure et d’amour où Rufin, tout en s’interrogeant sur le sens d’une démocratie poussée aux limites de ses dangers et de la mondialisation, évoque la rencontre entre les civilisations et les malentendus, les espoirs et les violences qui en découlent.

Mon avis :

A lire ! A lire ! A lire ! J’ai à la fois adoré et détesté ce livre. Adoré parce que ce livre est d’une part très bien écrit, et d’autre part, parce qu’il fait prendre conscience de ce que pourrait devenir le monde. Je l’ai détesté pour les mêmes raisons ! En le lisant je me suis dit à plus d’une reprise : « mais c’est ce qui est en train de se passer », à savoir une uniformisation de la pensée, un nivellement par le bas, un culture qui va s’appauvrissant inexorablement. Dans Globalia le pouvoir n’est plus aux mains des politiques mais aux mains des grands patrons et si l’on regarde bien autour de nous…

C’est un livre essentiel car il fait réfléchir et prendre conscience que l’on peut encore se battre pour ne pas, à notre tour, être enfermés dans Globalia…

jeudi 15 février 2007

Henri Troyat, Raspoutine


Quatrième de couverture :

Né au déclin du siècle dernier, dans un obscur village de Sibérie, Grégoire Raspoutine apparaît dans sa jeunesse comme un moujik à demi illettré, porté sur la boisson et les femmes, mais également attiré par les secrets de la religion. Doué d’un magnétisme incontestable, il commence par fasciner et séduire des paysannes, puis, poussant son avantage, il s’attaque aux vénérables représentants de l’Eglise orthodoxe qui découvrent en lui un vivant exemple de la simple et saine sagesse populaire et l’aident à s’introduire dans la meilleure société de Saint-Pétersbourg.

En peu de temps, Raspoutine rassemble autour de lui une cour d’adoratrices. A la fois inspiré et dépravé, il est même admis dans l’intimité de la famille impériale. La tsarine, qui est une névrosée, et dont le jeune fils est atteint d’hémophilie, ne doute bientôt plus que les prières du « saint homme » soient seules capables de sauver l’héritier du trône et, avec lui, toute la nation.

Ce qui pourrait n’être qu’un scandale limité aux abords du palais devient vite une menace pour l’ensemble du pays. Quand éclate la guerre, en 1914, la haine du « moujik imposteur » rassemble autour du couple impérial tous ceux qui craignent de voir un charlatan diriger en sous-main le destin de la patrie. De complot en complot, l’atroce assassinat de Raspoutine précipite la chute de l’Empire.

Rarement un homme parti de si bas est monté si haut, rarement un tel dévoiement de la foi a engendré de si larges remous politiques, rarement le mystère de l’âme russe, avec ses excès et ses contradictions s’est trouvé si profondément incarné dans un individu. Raspoutine détiendrait-il une des clefs les plus sûres pour comprendre la Russie ?

Mon avis :

J’ai aimé ce livre, modérément. Il y a certes une certaine rigueur dans le travail de Troyat, mais je trouve qu’il n’a pas poussé son travail aussi loin qu’il eut pu le faire. Je trouve le livre un peu trop léger à mon goût, trop axé sur les intrigues et complots et pas assez sur la personnalité de Raspoutine. Quoi qu’il en soit, ce livre m’a donné envie d’en lire plus sur Raspoutine et sur cette Russie si attirante, mystérieuse, mélancolique et à l’histoire tellement riche.

mardi 13 février 2007

Haruki Murakami, Kafka sur le Rivage


Quatrième de couverture :

Magique, hypnotique, Kafka sur le rivage est un roman d’initiation où se déploient, avec une grâce infinie et une imagination stupéfiante, toute la profondeur et la richesse de Haruki Murakami. Une œuvre majeure, qui s’inscrit parmi les plus grands romans d’apprentissage de la littérature universelle.

Kafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcé contre lui.

Nakata, vieil homme simple d’esprit, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, attiré par une force qui le dépasse.

Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère maquerelle fantomatique et une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus et un inquiétant colonel, des poissons tombant du ciel, et bien d’autres choses encore… Avant de voir leur destin converger inexorablement, et de découvrir leur propre vérité.

L’auteur :

Né à Kobe en 1949, Haruki Murakami a étudié la tragédie grecque à l’université de Tokyo, puis a dirigé un club de jazz et a enseigné à Princeton pendant quatre ans. Son premier livre, Ecoute le chant du vent (1979, non traduit), lui a valu le prix Gunzo. Suivront notamment, Chroniques de l’oiseau à ressort, Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, Après le tremblement de terre, Les Amants du Spoutnik. Kafka sur le rivage inscrit définitivement Murakami parmi les grands de la littérature.

Mon avis :

J’ai eu du mal à rentrer dans le livre, mais une fois que je me suis laissé happé par les mots de Murakami, plus moyen de décrocher. Ce livre recèle une part de magie, devenue rare de nos jours. On se laisse emporter par les mots de l’auteur. Les personnages sont à la fois très complexes et très simples, quoi qu’il en soit, tous terriblement attachants. On y découvre le Japon du quotidien, celui que les médias ne nous montrent pas forcément. Ce pays est, par sa culture, ses traditions, son mode de vie, terriblement attirant, voire hypnotique, comme le livre de Murakami. Ce livre parle de la quête de soi, de sa vérité propre. Sommes-nous, tels Kafka, capables de découvrir qui nous sommes profondément ? Quels moyens employer pour se trouver ?

Ce livre fait désormais partie de mes incontournables, et il ne fait pas de doute que je le relirais, afin d’en découvrir toutes les subtilités…

samedi 3 février 2007

Alessandro Baricco, Soie


Quatrième de couverture :

Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des œufs sains. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c’est le choc de deux mondes, une histoire d’amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d’une voix, la sacralisation d’un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur des saisons et du temps immuable.

Mon avis :

Ce livre est un bijou, un vrai travail d’orfèvre. L’histoire est simple. Le style est épuré, sans fioritures mais percutant et va droit au but. Baricco m’a littéralement touché en plein cœur. Règne dans cette courte histoire une atmosphère de bien-être, une quête de l’amour impossible, la dureté des hommes face à la guerre et face aux traditions ancestrales, le choc de deux cultures, un érotisme langoureux, jamais vulgaire et très beau. Ce livre fait désormais partie de mes quelques livres cultes. Une très belle rencontre.

Christian Jungersen, L'Exception


Quatrième de couverture :

Iben et Malene, deux amies employées au Centre Danois d’information sur les génocides, reçoivent d’intrigantes menaces de mort par e-mail. Leur corbeau, caché derrière une adresse électronique imaginaire, manie avec brio l’art de la référence : ses courriers regorgent de formules empruntées aux grands tortionnaires de ce siècle et à l’histoire de ses génocides.

Très vite Iben et Malene pensent être victimes de la vengeance d’un criminel de guerre serbe, Mirko Zigic.

Mais alors que l’enquête piétine, le doute s’installe… Et la grande machine paranoïaque se met en marche. Peu à peu la vie privée des deux jeunes femmes vacille, leur lieu de travail se transforme en un inquiétant nid d’intrigues, leur amitié se fissure. Le monde entier devient suspect. Dans cette atmosphère confinée jusqu’à l’insoutenable, l’incertitude, jusqu’à la dernière ligne, envahit chaque page. Vertigineux.

L’auteur :

Christian Jungersen est né en 1962 à Copenhague. Après des études de communication, il se consacre désormais à l’écriture. L’Exception l’a propulsé parmi les auteurs de thrillers les plus prometteurs de la scène littéraire scandinave.

Mon avis :

J’ai adoré. Mieux, j’ai dévoré les 700 pages de ce livre. L’action baigne dans une « atmosphère Ikéa », douillette, confortable et rassurante. L’intrigue est palpitante et oppressante. Le huis clos, qui a principalement lieu dans les bureaux du Centre Danois d’information sur les génocides, est parfaitement réussi. Les deux héroïnes du roman, Iben et Malene sont très réussies : au début du livre on leur donnerait le bon Dieu sans confessions, puis, très rapidement on s’aperçoit que ce sont deux petites pestes, à la limite de la pétasse : imbues d’elles-mêmes, égoïstes, prêtes à tout pour conserver leur place au sein du Centre qui est menacé. L’une des deux est même à l’origine d’une opération de harcèlement moral envers la documentaliste du centre, qui est un des personnages les plus attachants du livre.

Ce livre se base sur une solide documentation sur les divers génocides qui ont « Sali » le XXe siècle, ainsi que sur « l’origine du mal ». Comment des êtres humains ont-ils pu en arriver à commettre de telles atrocités.

Au final, un excellent thriller, un huis clos réussi, une réflexion sur la noirceur de l’âme humaine très bien menée. Bref un livre à lire.