mardi 15 avril 2008

Hans Fallada, Seul dans Berlin



Quatrième de couverture :

Mai 1940, on fête à Berlin la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Seul dans Berlin raconte le quotidien d’un immeuble modeste de la rue Jablonski, à Berlin. Persécuteurs et persécutés y cohabitent. C’est Mme Rosenthal, juive, dénoncée et pillée par ses voisins. C’est Baldur Persicke, jeune recrue des SS qui terrorise sa famille. Ce sont les Quangel, désespérés, qui inondent la ville de tracts contre Hitler et déjouent la Gestapo avant de connaître une terrifiante descente aux enfers…

Car derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur.

Mon avis :

Ce livre est un chef-d’œuvre. On y découvre une face, non pas cachée, mais méconnue de la Seconde Guerre mondiale : la vie quotidienne des Allemands durant le conflit, la peur qui taraude le ventre des gens normaux, la haine, la corruption, la bassesse du genre humain… On se retrouve aussi, et surtout, face à un phénomène trop peu abordé à mon goût : la résistance des Allemands face au Reich nazi : résistance qui se devait d’être la plus discrète possible, demandant mille précautions afin de ne pas se faire prendre – la surveillance était constante et la dénonciation pouvait venir de n’importe qui.

On pourrait penser que l’action des Quangel – parsemer Berlin de cartes postales dénonçant le régime – était totalement inutile. Pas tant que ça au final, puisque le livre décrit la quête de la Gestapo pour traquer ces deux « traîtres » qui ont réussi à déstabiliser les autorités.

Ce roman nous décrit aussi le quotidien très pénible de la masse allemande, la lutte pour pouvoir se nourrir correctement, la tension constante afin d’échapper à la surveillance, le risque de brimades qui n’est jamais loin, et, surtout, la peur, peur de se faire arrêter et de se voir envoyer dans un camp de concentration.

Ce livre est un vrai coup de cœur. L’émotion est présente à chaque page, la tension aussi. On ressent la terreur des Quangel de se faire prendre, leur désespoir quand ils apprennent la mort de leur fils, leur descente aux enfers dans les prisons de la Gestapo.

Je citerais, pour terminer, les paroles de M. Vincent Anfossi, ancien déporté du camp de Thil-Longwy : « Je m’adresse surtout aux enfants. N’oubliez pas une chose : respectez-vous les uns les autres, quelle que soit la couleur de peau d’un individu, quelle que soit sa nationalité, quelle que soit sa religion. N’oubliez pas non plus de ne pas avoir de haine envers les Allemands. Car les Allemands, ce sont les premiers qui ont connu les camps de concentration, Dachau et autres, et plusieurs milliers de démocrates allemands sont passés par les fours crématoires. N’oubliez jamais ».

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